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France Recul de 3,7 % du revenu agricole en 2004 inquiète les agriculteurs

L'annonce de la forte diminution du revenu agricole en France en 2004, malgré de bonnes récoltes, inquiète les agriculteurs, au moment où le gouvernement français veut faire adopter une nouvelle loi de modernisation du secteur.

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Selon les comptes prévisionnels de l'agriculture française publiés vendredi par le ministère de l'Agriculture, le revenu agricole moyen par actif en France a fortement diminué (-3,7% en termes réels) en 2004 en dépit de bonnes récoltes, après une baisse de -0,8% en 2003.

Sur les cinq dernières années "cet indicateur régresse de 1,2% par an", indique le ministère de l'Agriculture.

"Nous payons très cher l'évolution de la Politique agricole commune (PAC). Ce sont aussi les conséquences d'une politique internationale libérale qui fait importer des baisses de prix dont d'ailleurs ne bénéficient nullement les consommateurs", affirme la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles), le principal syndicat agricole français.

A cet égard, le président de la FNSEA Jean-Michel Lemétayer a demandé à rencontrer le Premier Ministre Jean-Pierre Raffarin "dès les premiers jours de janvier", a-t-il indiqué à l'AFP.\n Pour le président des Jeunes Agriculteurs (JA), Bernard Layre, "le grand malheur des agriculteurs, c'est de ne pas pouvoir répercuter la hausse de leurs charges sur les prix de vente".

Après la sécheresse de l'été 2003, qui avait entraîné de faibles récoltes, le volume des productions végétales a fortement augmenté. Mais les prix auxquels les agriculteurs français vendent leurs produits fléchissent, sous la pression des groupes agroalimentaires et de la libéralisation du commerce international sous l'impulsion de l'OMC (Organisation mondiale du commerce) et de la Commission européenne.

Toutes les catégories d'agriculteurs sont concernées sauf les viticulteurs (+49% grâce principalement au champagne) qui se plaignent d'une crise dans le secteur, malgré une vendange abondante et de qualité.

L'explication réside dans le fait que de volumineuses récoltes, sur lesquelles sont théoriquement calculés les prix, ne sont pas forcément synonymes de ventes importantes dans la même année.

Le revenu des exploitations céréalières spécialisées en 2004 a diminué de 7%. Celui des autres unités de grandes cultures a reculé de 18%. Dans les exploitations d'élevage bovin laitier, il a baissé de 11% et de 16% dans celles spécialisées en viande.

De son côté, l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a indiqué qu'en 2004, la valeur de la production agricole doit s'accroître de 2,4%, soit une hausse de 1,55 milliard d'euros. La progression des volumes produits (+11,1%) doit s'accompagner d'une diminution sensible des prix (-7,8%).

Elément encore plus grave pour la balance commerciale française: en 2004, l'excédent du commerce extérieur en produits agroalimentaires, un des secteurs en pointe de l'économie française, devrait atteindre 8,4 milliards d'euros, soit 300 millions de moins qu'en 2003, selon l'Insee.

Cette régression est due à une croissance des importations (+1,3%), supérieure à celle des exportations (+0,2%).

Le ministre de l'Agriculture Dominique Bussereau, qui recevra lundi la synthèse des débats régionaux sur la future loi de modernisation agricole, qui doit être présentée au Parlement en 2005, avant d'entrer en viguer en 2006, va avoir une tâche difficile, après quelques années de calme relatif -- crises sectorielles exceptées.

Craignant les orages annoncés, M. Bussereau avait réclamé, lors de la passation de pouvoirs, "beaucoup d'argent" pour l'agriculture à son prédécesseur Hervé Gaymard qui, devenu ministre des Finances, tient désormais les "cordons de la bourse".


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